jeudi 11 juin 2009

Discussion avec un "agent de propreté urbaine"

Dans le quartier, le service des poubelles passe chaque jour, ce qui assure un minimum de propreté chez les habitants. C'est d'autant plus nécessaire que le papier toilette ne doit pas être jeté dans les WC mais mis dans une poubelle (ce qui est le cas dans la quasi-totalité des pays du Sud et de quelques pays développés).
Bref, j'ai bavardé quelques secondes avec un éboueur passant devant chez nous. Il s'est adressé à moi, sans doute après avoir remarqué que nous sommes blanc.
LUI - T'as pas 2 R$ ?
MOI - Quoi !
- 2 R$ ?
- Non, je ne te donnerai pas 2 R$. Je ne gagne pas d'argent ici.
- Comment tu fais pour t'acheter à manger ?
- Je me débrouille. Mais toi, tu as un salaire ?
- Quoi ?
- Tu as un travail officiel !
- Oui
- Donc tu as un salaire à la fin du mois !
- Oui
- Tu gagnes combien ?
- 800 R$
- C'est 2 fois le salaire minimum, c'est bien non ?
- Ouais
- Alors pourquoi tu me demandes de l'argent ?
- (Il sourit et s'en va)

Difficile de ne pas porter de jugement, mais seulement quelques réflexions : pourquoi m'a-t-il demandé de l'argent ?
1- Les étrennes des éboueurs ? Non, ça n'existe pas ici. D'ailleurs vous savez que ce que vous donner aux facteurs ou éboueurs en France, vont directement dans leur poche sans être déclaré aux impôts (source : facteur de St Lambert du Lattay). Et que le fait de ne pas donner, ne doit pas entraîner un service de moins bonne qualité (surtout venant des personnes qui en font le sermant comme les facteurs). N'est-ce pas le salaire qui rétribue un travail honnête et correct. Mais on peut aussi donner...
2- L'habitude de demander, de vivre au crochet de l'autre. C'est possible. Nous rencontrons beaucoup de personnes qui vivent au jour le jour, manquant souvent du nécessaire. La notion de "gérer un budget" pour leur famille leur semble d'une autre planète. Comment peut-on se projeter sur un mois, 2 mois ou un an, quand on ne sait même pas quelle somme d'argent va rentrer dans la foyer demain ?
3- un certain racisme ? Il s'est adressé à moi et pas un autre, concluant que le fait d'être blanc, je devais avoir de l'argent. C'est un cliché trés vivant ici. Je vous en parlerai plus longuement.
4- un goût pour l'arnaque. Le mensonge est légion dans notre quartier. C'est un moyen de s'en sortir, de ne pas se livrer. C'est une arme psycologique comme une autre.

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